En janvier 2022, Microsoft annonçait son intention d’acquérir Activision Blizzard, un géant du jeu vidéo, pour près de 68,7 milliards de dollars. Cette opération monumentale visait à renforcer la division gaming de Microsoft, notamment Xbox Game Studios, et intégrer des franchises emblématiques telles que Call of Duty, Warcraft ou Candy Crush.
Un rachat historique sous haute surveillance
Après l’annonce initiale le 18 janvier 2022, le projet a rapidement attiré l’attention des autorités de la concurrence mondiales, préoccupées par son impact sur l’équilibre du marché des jeux vidéo. Parmi les points sensibles figure la possible exclusivité de titres phares comme Call of Duty, qui aurait pu être un coup dur pour les concurrents.
L’opération a d’abord reçu un accord conditionnel de l’Union européenne, appuyée par des engagements de Microsoft pour maintenir les jeux disponibles sur plusieurs plateformes et services de cloud. Au Royaume-Uni, après une recommandation initiale de blocage, une version restructurée du deal fut approuvée grâce à la cession des droits de cloud gaming à Ubisoft.
Procédures judiciaires aux États-Unis
Aux États-Unis, la Federal Trade Commission (FTC), sous la présidence de Lina Khan, a déposé plainte fin 2022 pour bloquer l’acquisition, invoquant des risques d’abus de position dominante dans les secteurs du cloud, des abonnements et des consoles.
Le 13 juillet 2023, un juge fédéral a rejeté la demande de suspension de la transaction, estimant que la FTC n’avait pas démontré un risque suffisant pour les consommateurs. Les cours d’appel fédérales, dont la Cour du 9ᵉ circuit, ont confirmé ce refus début mai 2025, en estimant que l’autorité n’avait pas prouvé un préjudice probable.
Le tournant de mai 2025 : la FTC abandonne
Le 22 mai 2025, la FTC a officiellement retiré sa plainte administrative contre Microsoft, marquant la fin d’un long contentieux. Brad Smith, vice-président du groupe Microsoft, a salué cette décision comme une victoire pour les joueurs et un gage de bon sens à Washington, D.C..
Intégration post-acquisition : à quoi ressemble le projet ?
Finalisée le 13 octobre 2023, l’acquisition a annoncé un coût total de 75,4 milliards de dollars. Activision Blizzard a été intégré à la division Microsoft Gaming, aux côtés de Xbox Game Studios et Bethesda/ZeniMax.
Initialement dirigé par Bobby Kotick, ce dernier a quitté ses fonctions le 29 décembre 2023, ouvrant la voie à une nouvelle gouvernance. En janvier 2024, Microsoft a procédé à une réduction des effectifs d’environ 1 900 salariés dans l’ensemble de ses activités gaming, couvrant à la fois Activision Blizzard et des unités Xbox, incluant la fermeture de certains studios.
Cette réorganisation visait à maîtriser les coûts et à aligner les équipes autour des priorités stratégiques. Microsoft a assuré que ces coupes toucheraient principalement les fonctions support, sans affecter la production de jeux ni la fermeture de studios.
Où en est la plateforme Battle.net ?
Battle.net, le service emblématique de Blizzard, bénéficie d’un nouveau soutien en termes d’infrastructure, notamment pour améliorer sa stabilité, ses capacités de stockage et son intégration au sein de l’abonnement Game Pass. Microsoft n’a pas annoncé de modifications radicales du service, mais a indiqué vouloir améliorer l’expérience en ligne, notamment autour des titres phares comme Warcraft ou Diablo.
On observe aujourd’hui une meilleure synergie entre les équipes Xbox et Blizzard, avec des collaborations accrues sur les projets cross-plateforme, l’ajout de fonctionnalités multiplateformes et une exploitation optimisée du cloud et des services en ligne.
Et le futur ? Que peut-on attendre ?
Avec l’ensemble des obstacles réglementaires levés, l’ambition de Microsoft est claire : ne pas cloisonner les franchises Activision Blizzard à la plateforme Xbox. Un accord d’exclusivité prolongé jusqu’en 2033 garantit la présence des jeux sur PlayStation, PC, Nintendo et services cloud.
L’objectif est désormais d’asseoir une présence cross-plateforme, de maximiser l’impact de Game Pass, et de soutenir le développement de franchises phares dans les domaines VR/AR, e-sport, et jeux mobiles.
Ce qu’il faut retenir
Le rachat d’Activision Blizzard finalisé en octobre 2023 constitue la plus grande acquisition de l’histoire du jeu vidéo. Tous les obstacles réglementaires (UE, UK, US, Chine…) ont finalement été levés, le dernier épisode juridique américain s’étant fermé en mai 2025.
L’intégration interne est en cours, avec des coupes dans les équipes support mais sans impact sur les productions. Battle.net et les licences Blizzard/Activision poursuivent leur évolution, avec un accent sur la stabilité, l’interopérabilité et l’accès cross-plateforme.
L’avenir promet : maintien des titres sur consoles concurrentes jusqu’en 2033, renforcement du cloud, extension de Game Pass, et coopération accrue entre les studios. Autant d’éléments qui montrent que Microsoft joue désormais dans la cour des leaders globaux du divertissement interactif, avec un écosystème de jeux riche, diversifié, et orienté autour de la communauté.