Demon Slayer vient de se faire dépasser, et ce n’est pas un autre shonen de 2016 qui prend le relais, mais une série plus récente, plus sombre, qui a su frapper fort au bon moment. On parle bien sûr de Jujutsu Kaisen, qui vient d’arracher un record très symbolique aux portes du box‑office américain. Il ne s’agit pas d’un film original, ni même d’une suite inédite, mais d’un film‑récap baptisé Jujutsu Kaisen: Execution, qui a réussi l’exploit de dépasser le week‑end d’ouverture de Demon Slayer: Kimetsu no Yaiba To the Swordsmith Village aux États‑Unis.
Le chiffre est clair : 10,2 millions de dollars contre 10,1 millions. La marge est infime, mais dans l’univers du box‑office, ce genre d’écart suffit à faire basculer un record. Ce n’est pas la première fois qu’un film d’animation japonaise cartonne outre‑Atlantique, en revanche c’est la toute première qu’un film‑récap fait mieux que l’un des plus gros succès récents du genre. Et ça change la donne.
Un record tombé dans un week‑end
Sur le week‑end du 5 au 7 décembre 2025, Jujutsu Kaisen: Execution a débarqué dans 1 833 salles aux États‑Unis et a récolté 10,2 millions de dollars. Un score qui dépasse d’un cheveu les 10,1 millions de Demon Slayer: To the Swordsmith Village lors de son ouverture en mars 2023. Ce n’est pas un blockbuster à 200 millions de budget, mais pour un film qui reprend des épisodes déjà diffusés et ajoute un épilogue inédit, la performance reste spectaculaire.
Le plus surprenant, c’est que ce type de projet sert d’ordinaire de rampe de lancement pour la suite de la série, pas de machine à records. Pourtant, le public a répondu présent, avec une moyenne d’environ 5 500 dollars par salle. Un chiffre très élevé pour un film d’animation japonaise, surtout quand la plupart des spectateurs connaissent déjà l’arc via les plateformes de streaming. Les fans ne veulent plus seulement regarder, ils veulent vivre l’expérience en salle, entourés d’autres passionnés.
Pourquoi Jujutsu Kaisen fait mieux que jamais
La clé du succès de Jujutsu Kaisen: Execution, c’est d’abord son timing. Le film sort juste avant le lancement de la saison 3 de la série, prévue le 8 janvier 2026. Stratégie limpide : rafraîchir la mémoire des fans avec l’arc des Prisonniers de la Prison, remettre les enjeux au centre, et surtout transformer l’attente de la suite en véritable événement collectif. Les studios ont compris que le public ne cherche plus seulement du contenu, mais un rendez‑vous à partager.
Le film profite aussi d’un accueil très solide. Sur Rotten Tomatoes, il tourne autour de 80 % d’approbation côté public, avec plus de 500 avis vérifiés. Ce n’est pas un film parfait, mais il appuie exactement là où il faut : atmosphère poisseuse, tension permanente, rythme tendu, et promesse claire de ce qui arrive juste après. On sort de la salle avec l’envie immédiate de se jeter sur la saison 3, pas avec l’impression d’avoir perdu sa soirée.
Le déclin de Demon Slayer ? Pas vraiment
On pourrait croire que Demon Slayer commence à perdre de sa superbe, mais la réalité est plus nuancée. La franchise reste un mastodonte : le dernier film, Demon Slayer: Infinity Castle, a explosé les compteurs en Corée du Sud, au point de devenir le film le plus vu de l’année 2025 dans le pays, devant les gros blockbusters locaux. C’est la première fois qu’un film d’animation japonaise domine le box‑office annuel sud‑coréen.
Le manga continue de tourner à plein régime, avec plus de 220 millions d’exemplaires écoulés dans le monde, cinq ans après la fin de la série. Les fans sont toujours au rendez‑vous, mais leur niveau d’exigence a monté d’un cran. Un simple recap ne suffit plus à faire exploser les chiffres comme au début. Il faut un vrai événement, une stratégie pensée sur plusieurs mois, et surtout une communauté qui se sent directement impliquée dans chaque sortie.
Les nouveaux codes du box‑office anime
Ce qui se joue avec Jujutsu Kaisen dépasse le simple changement de leader : c’est l’évolution d’un modèle. Les studios ne se contentent plus de lancer un film en espérant qu’il trouve son public. Ils montent de véritables campagnes globales : avant‑premières, marathons en salle, goodies exclusifs, séances spéciales en VOST ou VF, et un lien permanent avec la diffusion TV ou streaming.
En Corée, par exemple, Demon Slayer: Infinity Castle a profité de près de 19 % de spectateurs en formats premium (4DX, IMAX, Dolby Cinema), soit plus d’un million de personnes venues pour une expérience renforcée. Les fans ne se contentent pas d’une seule séance, ils reviennent, testent plusieurs formats, comparent, partagent. C’est exactement ce que Jujutsu Kaisen tente de reproduire aux États‑Unis : transformer un simple film en expérience immersive, que l’on a envie de revivre et de raconter.
Et après, qui prend le relais ?
Si Jujutsu Kaisen a réussi à dépasser Demon Slayer sur un week‑end, la vraie question est désormais la suivante : qui sera le prochain à faire trembler les box‑offices ? Chainsaw Man monte en puissance, My Hero Academia a encore des cartes à jouer, et des séries plus récentes comme Oshi no Ko ou Blue Lock commencent à fédérer une base de fans très engagée.
Voici quelques éléments qui pourraient faire basculer le prochain grand succès :
- Une sortie stratégique calée juste avant une nouvelle saison
- Une campagne marketing massive sur les réseaux et en salle
- Des formats premium et des événements exclusifs pour les fans
- Un lien fort et assumé avec la communauté, online et hors ligne
- Un vrai sentiment d’urgence : si tu ne viens pas maintenant, tu rates quelque chose
Le règne de Demon Slayer est loin d’être terminé, mais il n’est plus seul au sommet. Jujutsu Kaisen vient de montrer qu’un autre type de shonen, plus sombre, plus nerveux, peut lui aussi remplir les salles et bousculer la hiérarchie. Et ce n’est sans doute que le début d’une nouvelle ère, où ne compte plus seulement la qualité de l’animation, mais la façon dont on fait vivre une série en dehors de l’écran, au cœur des salles et des communautés de fans.

